Écrire, penser

Absolument, je commence un blog. En 2025.

J’aime écrire. Si je le fais peu, c’est que je peine à trouver des sujets, ou plutôt à choisir des sujets ; je remplace ça par de courtes diatribes sur deux réseaux sociaux, dans un format qui laisse peu de place au développement et à la nuance. C’est la raison d’être de ce blog : d’une part me donner la place de mieux structurer mes réflexions, d’autre part m’astreindre à une certaine régularité — ça fonctionne pour le sport, pour la musique, pas de raison que je ne l’applique pas à l’écriture !

M’offrir chaque semaine un peu de temps consacré aux mots, voilà donc l’objectif. Ce sera l’occasion de poser ce qui m’a inspiré, intéressé, révolté ; ce qui m’a fait sourire ou serrer les dents. Et je ne trompe personne, ce sera souvent cette dernière option. J’ai un rapport au monde très, disons, collectif : c’est ce qui se passe près et loin de moi, pour les autres, qui fait mes joies et mes peurs, bien plus que ma propre vie. Je suis parfaitement conscient que c’est très lié à mon statut de privilégié, si j’avais vraiment des problèmes j’aurais sans doute moins le loisir d’aller en chercher ailleurs ; mais voilà, je suis personnellement très heureux et humainement terrifié. J’essaie depuis des années de répondre à ça par l’engagement, de diverses façons, en balançant entre optimisme critique et découragement absolu.

Sarkozy en prison, presse en liberté

La semaine passée est une bonne illustration de cette dichotomie. Nicolas Sarkozy va passer (bientôt) cinq ans (ou moins on verra) en prison (j’y croirai quand ce sera fait). Bon. Je précise que ça n’est pas de la prison que je me réjouis, il y a plein de bonnes raisons de souhaiter la disparition de cette institution, mais on peut célébrer le fait que la justice atteigne aussi parfois ceux dont toute la vie a été menée avec l’impunité que donne le pouvoir. Mais il aura fallu pour ça toute l’énergie de journalistes, d’avocat·es, de victimes aussi. On mesure à peine ce qu’on doit à la presse libre, représentée ici par Mediapart (qui comptait au 31 décembre 2024 234 277 abonné·es, ce qui est à mon avis bien peu). Comprenez que, si j’ai passé une excellente soirée le 25 septembre notamment en regardant l’émission (en accès libre) de Mediapart À l’air libre sur cette condamnation historique d’un ancien chef d’État, la victoire est amère.

Il faut voir l’ampleur de l’offensive contre ladite presse libre que mènent quelques milliardaires à travers les médias qu’ils possédent, il faut voir les liens qui unissent Nicolas Sarkozy aux organes de presse ou de télévision qui lui donnent la parole et clament à longueur d’éditos son innocence, crient au complot des juges et des médias. Ironique quand au même moment des membres de l’AFO, un groupe d’extrême droite largement composé d’anciens militaires qui projetaient des attentats antimusulmans, ont écopé de peines plutôt légères. Rien de nouveau sous le soleil, sinon l’ampleur de l’entreprise de fabrique de l’opinion à laquelle on fait face.

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Cette presse libre, indépendante, il faut relever qu’elle s’organise ! On va avoir un mois d’octobre réjouissant, avec le lancement de deux initiatives complémentaires :

Moi qui parle d’écrire, je me réjouis d’avance de pouvoir en lire davantage, et j’espère que le travail de ces rédactions que j’apprécie sera payant. L’enquête, le journalisme au long cours ont besoin de fonds pour tenir, et je compte bien pousser ami·es, collègues et camarades qui en ont les moyens à financer tout ça.

Dans le genre « contribuer à son échelle », ma fierté des derniers jours : être contacté par une salariée en détresse, via une amie commune, pour l’aider à gérer sa situation. Les personnes qui me connaissent savent que je suis syndiqué, parce que j’en parle, que j’incite toujours autour de moi à s’organiser collectivement ; et si ça me permet d’aider des personnes qui en ont besoin, c’est bien — et ça m’aide à combattre mon sentiment d’inutilité.


J’arrête là pour aujourd’hui, je ne me suis pas fixé d’objectif de longueur. J’ai bien occupé une partie de mon mercredi non travaillé — je suis salarié à temps partiel parce que si j’aime mon travail je déteste le travail, j’aurai sans doute l’occasion d’en parler si je parviens à développer cette habitude d’écriture. Je n’ai évidemment pas évoqué tout ce qui m’occupe l’esprit en ce moment, à commencer par ce qui continue de se passer en Palestine ; faute d’en parler, je porte aujourd’hui encore ce keffieh que je mets souvent depuis quelques années. C’est l’automne, et la température le rend tout à fait adapté.

Vive la lutte, et vive l’automne.